Frédéric Roux a choisi son coin, celui du méchant ou supposé tel, Marvin Marvelous Hagler, opposé un soir d’avril 1987 sur un ring de Las Vegas au gentil ou supposé tel, Ray «Sugar» Leonard. Ce combat remporté aux points par «le gentil» est le cœur de son nouveau roman, la Classe et les VertusCar, voilà bien le problème de la boxe : lorsqu’un KO ou un arrêt de l’arbitre ne vient pas mettre un «poing» final à un combat, le résultat est livré à la subjectivité de trois juges.



Plus d’un quart de siècle après le verdict rendu ce 6 avril 1987 par Lou Filippo, JoJo Guerra et Dave Moretti, Frédéric Roux rumine encore ce résultat contesté et rappelle fort justement : «Depuis, il existe deux catégories de gens : ceux qui croient que Leonard a gagné et ceux qui savent que Hagler n’a pas perdu.»



Avec Mike Tyson, un cauchemar américain et, il y a tout juste un an et le très remarqué Alias Ali. Frédéric Roux ne semble pas prêt à raccrocher les gants.
Ce n’est pas que le Bordelais n’écrit que sur la boxe, mais il y revient à intervalles réguliers, avec à chaque fois un bonheur renouvelé. Frédéric Roux s’applique donc à ne jamais lâcher son fil d’Ariane, qui le ramène toujours dans la lumière du ring où s’éclairent les époques sur lesquelles il pose sa plume.
Dès les premières pages de son dernier livre, cette fois estampillé récit, il annonce la couleur, en préférant les vertus portées par Marvin Hagler qui, écœuré par le résultat du combat contre Leonard, en restera là avec la boxe. Et l’écrivain de saluer tout de même les roueries et le tour de magie du vainqueur, voleur d’un soir, capable de faire disparaître son adversaire.
Plus que l’histoire d’un des combats du siècle dernier agrémentée des savoureuses biographies des acteurs, la Classe et les Vertus est la suite logique d’Alias Ali, qui évoquait l’Amérique des années 60-70, celle de Richard Nixon. Tout ce qui amène au combat entre Hagler et Leonard est un prétexte pour s’attaquer à la décennie suivante, celle des années Reagan.
Dans son épilogue, Roux donne quelques indices concernant le thème du prochain livre qu’il consacrera à la boxe (et à l’Amérique des années 90) : la défaite, en 1999, d’Oscar de la Hoya face au Portoricain Felix «Tito» Trinidad. Une défaite aussi contestable que celle d’Hagler devant Leonard.
Lionel FROISSART